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Mo2i : comment surmonter l'imposture ?

L'imposture, ce sentiment insidieux de ne pas être à sa place, de jouer un rôle qui ne nous correspond pas, est un mal qui ronge nombre d'entre nous.


Dans cet article, nous allons explorer les méandres de l'imposture, décrypter ses symptômes les plus subtils et surtout, vous donner des clés concrètes pour vous en libérer, progressivement.

Qu'est-ce que l'imposture ? Quelques rappels fondamentaux

L'imposture, c'est le fait de "se mettre dans une posture invasive et imposante vis à vis des personnes qui nous entourent". Etymologiquement, cela renvoit au fait d'endosser un rôle, une fonction, une mission dans laquelle nous ne nous sentons pas légitimes, pas à notre place. Cette sensation peut nous habiter dans notre vie professionnelle, mais aussi personnelle ou sociale.


Mais l'imposture revêt aussi des formes plus subtiles, plus insidieuses. Elle peut se nicher dans nos comportements quotidiens, nos manières d'interagir avec les autres, sans même que nous en ayons pleinement conscience. C'est pourquoi il est essentiel d'apprendre à décrypter ces signaux faibles, ces petits gestes ou réflexes, certes subtiles, mais en disent long sur notre posture véritable, vis à vis des autres et du monde.


Identifier les situations où l'on donne des conseils non sollicités

L'un des symptômes les plus courants de l'imposture est cette tendance à donner des conseils à tout va, sans même que l'on nous ait sollicités. Combien de fois nous surprenons-nous à vouloir aider l'autre, à lui suggérer des solutions, alors même qu'il ne nous a rien demandé ? Cette propension à nous ériger en "sauveur" ou en "expert" est souvent le signe d'une posture qui n'est pas tout à fait la nôtre.


Car au fond, pourquoi ressentons-nous ce besoin impérieux de conseiller les autres ? Est-ce réellement pour leur bien-être, ou n'est-ce pas plutôt une manière détournée de valoriser notre ego, de nous sentir utile et reconnu ? En réalité, cette attitude cache souvent une insécurité profonde, une peur de ne pas être à la hauteur si nous n'avons pas réponse à tout.


En réalité, lorsque nous conseillons des personnes qui ne nous ont pas directement sollicités, nous avons la prétention de mieux savoir que les autres ce qui est bon pour eux, ce qui nous met dans une (imp)posture claire et évidente, et nous finissons par participer au chaos dans le monde, sans nous en rendre compte.:


En effet, donner un conseil non sollicité va avoir pour conséquences de :


C'est pour cela : un conseil, ça ne se donne pas, ça se demande .


Apprendre à écouter sincèrement son interlocuteur

Pour se défaire de cette tendance à donner des conseils non sollicités, le premier pas est d'apprendre à écouter vraiment. Écouter, c'est accueillir la parole de l'autre sans chercher à y répondre immédiatement, sans la filtrer à travers nos propres grilles de lecture. C'est se rendre pleinement disponible, dans une attitude d'ouverture et de réceptivité.


Concrètement, cela passe par des gestes simples mais puissants : regarder l'autre dans les yeux, hocher la tête en signe d'approbation, reformuler ses propos pour s'assurer d'avoir bien compris. C'est aussi savoir laisser des silences, ne pas chercher à combler les vides à tout prix. Car c'est souvent dans ces interstices que l'autre peut aller plus loin dans sa réflexion, faire émerger ses propres solutions.


Au fil de la conversation, vous serez probablement tenté de donner votre avis, de suggérer des pistes. Résistez à cette envie et concentrez-vous sur l'écoute. Si vraiment vous sentez que votre interlocuteur est en demande de conseil, demandez-lui d'abord la permission : "Veux-tu que nous réfléchissions ensemble à des solutions possibles ?". Cela vous évitera de tomber dans le piège de l'imposition et vous aidera à adopter une posture plus juste et respectueuse.


Questionner plutôt qu'affirmer

Une autre clé pour désamorcer notre "réflexe du conseil" est d'apprendre à questionner plutôt qu'affirmer. Trop souvent, nous avons tendance à projeter sur l'autre notre propre vision des choses, nos propres croyances. Nous pensons savoir ce qui est bon pour lui, ce qu'il devrait faire ou ne pas faire. Mais en réalité, chaque être est unique et possède en lui les ressources pour trouver son propre chemin.


En apprenant à poser des questions ouvertes (et non rhétoriques !), nous invitons l'autre à approfondir sa réflexion, à explorer des pistes auxquelles il n'aurait pas pensé. Des questions comme "Qu'est-ce qui est vraiment important pour toi dans cette situation ?", "Quelles sont les options qui s'offrent à toi ?", "Qu'est-ce que tu ressens à l'idée de faire ce choix ?" permettent d'ouvrir un espace de dialogue et d'exploration, sans imposer notre propre vue des choses.


Reconnaître son besoin de se mettre en avant

Un autre signe qui ne trompe pas quant à notre tendance à l'imposture est ce besoin, souvent diffus mais tenace, de nous mettre en avant. Cela peut prendre des formes diverses et variées : parler de nos réussites et de nos exploits à tout va, chercher constamment l'approbation et les compliments d'autrui, vouloir être sous le feu des projecteurs... Autant de comportements qui traduisent une soif de reconnaissance et de validation extérieure.


Bien sûr, il n'y a rien de mal à vouloir être apprécié et estimé. C'est un besoin humain fondamental que de se sentir valorisé et intégré dans un groupe. Mais lorsque cette quête de reconnaissance devient excessive, lorsqu'elle prend le pas sur tout le reste, c'est souvent le signe d'un manque profond, d'une faille identitaire que nous cherchons à combler par le regard des autres.


Distinguer la reconnaissance légitime de l'auto-promotion excessive

Pour sortir de cette spirale de la mise en avant permanente, il est essentiel d'apprendre à distinguer la reconnaissance légitime de l'auto-promotion excessive. La reconnaissance légitime, c'est celle qui vient naturellement, en réponse à un travail bien fait, à un engagement sincère, à une contribution réelle au collectif. C'est une forme de gratitude qui naît de la valeur que nous apportons, de par notre singularité et nos talents uniques.


L'auto-promotion excessive, au contraire, est une tentative de forcer cette reconnaissance, de l'obtenir par des moyens détournés. C'est une forme de "mendicité affective" qui cherche à combler un vide intérieur par l'approbation extérieure. Elle se manifeste souvent par des comportements comme le name-dropping (citer des noms de personnes influentes pour se valoriser par association), l'auto-congratulation (se féliciter soi-même de manière disproportionnée), ou encore l'humblebragging (se vanter sous couvert de modestie).


Pour repérer ces comportements chez soi, il est utile de s'interroger sur ses motivations profondes. Avant de parler de vous ou de vos réalisations, demandez-vous toujours : "Pourquoi est-ce que je ressens le besoin de partager cela maintenant ? Est-ce que c'est vraiment pertinent et utile pour mon interlocuteur, ou est-ce que je cherche simplement à briller à ses yeux ?". En cultivant cette honnêteté vis-à-vis de soi-même, vous apprendrez peu à peu à dépasser ce besoin compulsif de vous mettre en avant.


Cultiver l'humilité

Un antidote puissant à la tentation de l'auto-promotion est la pratique de l'humilité. Contrairement à une idée reçue, l'humilité n'est pas le fait de se dévaloriser ou de nier ses qualités. C'est au contraire une juste appréciation de soi-même, une reconnaissance lucide de ses forces et de ses faiblesses, sans jugement ni comparaison.


L'être humble sait qu'il a de la valeur, mais il ne ressent pas le besoin de le clamer sur tous les toits. Il laisse ses actes et son engagement parler pour lui, dans une forme de discrétion et de sobriété. Il sait aussi reconnaître avec gratitude ce qu'il reçoit des autres, les talents et les qualités de ceux qui l'entourent. Car l'humilité, c'est aussi savoir se réjouir des succès d'autrui sans se sentir diminué ou menacé.


Concrètement, cultiver l'humilité au quotidien passe par des gestes simples : s'abstenir de parler de soi lorsque ce n'est pas nécessaire, valoriser sincèrement les contributions des autres, accepter les compliments avec grâce et simplicité... C'est aussi savoir admettre ses erreurs et ses limites, demander de l'aide lorsqu'on en a besoin, sans crainte du jugement. En accueillant ainsi notre vulnérabilité, nous nous libérons peu à peu du besoin de paraître "parfaits" et nous nous autorisons à être pleinement nous-mêmes, dans notre belle humanité.


Détecter les moments où l'on infantilise les autres

Un autre signe révélateur de notre propension à l'imposture est cette tendance, souvent inconsciente, à infantiliser notre entourage. Cela peut prendre des formes subtiles, comme le fait de donner des conseils non sollicités, de vouloir "prendre en charge" les problèmes des autres, ou encore de les surprotéger en leur évitant toute difficulté. Derrière ces comportements se cache souvent une volonté de se rendre indispensable, de garder une forme de contrôle et de supériorité sur l'autre.


Mais en agissant ainsi, nous envoyons un message implicite à notre interlocuteur : celui qu'il n'est pas capable de gérer sa vie de manière autonome, qu'il a constamment besoin de nous pour s'en sortir. C'est une forme de violence subtile, qui peut fragiliser l'estime de soi de l'autre et créer une dépendance malsaine. Car en infantilisant l'autre, nous le maintenons dans une position de "demandeur" et de "débiteur", l'empêchant de développer pleinement sa puissance d'agir et sa liberté.


Bien sûr, cette tendance part souvent d'une intention positive. Nous voulons aider, soulager, protéger ceux que nous aimons. Mais il est essentiel de comprendre que le véritable amour, le véritable soutien, consiste parfois à savoir lâcher prise, à faire confiance en la capacité de l'autre à trouver ses propres solutions. C'est un acte de foi, un pari sur son potentiel de croissance et d'autonomie.


Respecter l'autonomie et les choix de chacun

Pour sortir de cette dynamique d'infantilisation, le premier pas est d'apprendre à respecter profondément l'autonomie et les choix de chacun. Cela implique de considérer l'autre comme un être fondamentalement libre et responsable, capable de prendre en main sa propre existence. Même si ses décisions nous semblent discutables ou risquées, nous n'avons pas à les juger ou à les entraver, dès lors qu'elles ne portent pas atteinte à autrui.


Concrètement, cela passe par le fait d'apprendre à se "retenir" d'intervenir systématiquement dans la vie de nos proches. Avant de donner un conseil ou de proposer notre aide, demandons-nous toujours si c'est réellement souhaité et nécessaire. Apprenons à écouter plus qu'à parler, à questionner plus qu'à affirmer. Et si l'autre nous sollicite explicitement, offrons notre soutien avec tact et retenue, sans jamais imposer nos vues ou nos solutions.


C'est aussi accepter que nos enfants, nos amis, notre conjoint puissent faire des choix de vie différents des nôtres. Plutôt que de chercher à les convaincre ou les faire changer d'avis, accueillons leur différence avec bienveillance et curiosité. Faisons-leur confiance pour tracer leur propre chemin, même s'il ne correspond pas à ce que nous aurions imaginé pour eux. Car c'est en se sentant profondément respecté et soutenu dans ses choix que l'on développe une véritable confiance en soi.


Ne pas justifier son imposture en utilisant son MO2I

Découvrir son MO2I est une étape essentielle pour se libérer de l'imposture.


En découvrant ce pourquoi nous sommes réellement taillés, cela nous permet de nous focaliser dans ce dans quoi nous sommes naturellement légitime.


Mais beaucoup de personnes mettent en oeuvre leur MO2I dans des contextes dans lesquels ils ne sont pas sollicités


Et ils se mettent dans l'imposture (sous couvert de leur MO2I), sans s'en rendre compte


Pour se libérer de l'imposture et agir conformément à sa fonction singulière, il existe un critère ultime pour savoir si oui ou non nous sommes dans l'imposture. Il suffit de se poser la question suivante :



Suis-je sollicité pour assumer cette mission, cette fonction ? Oui bien est-ce juste une envie personnelle ?


Conclusion

Au terme de ce cheminement, une chose apparaît clairement : l'imposture n'est pas une fatalité. C'est un signal, un appel à nous réaligner avec notre vérité profonde, notre excellence singulière.


Se défaire totalement de l'imposture est un effort quotidien, le chemin de toute une vie. Mais un chemin rempli de découvertes, et ouvrant des portes insoupçonnées dans notre quête à la réalisation de soi.


Du moins, encore faut-il reconnaître, et avoir conscience sa propre imposture.

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