MO2i : Tout savoir sur le sentiment de banalisation
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L'imposture, cette tendance à s'imposer dans un rôle ou une fonction pour laquelle nous ne sommes pas légitimes, est un phénomène répandu mais souvent méconnu.
Pour les personnes ayant découvert leur MO2I, comprendre les mécanismes de l'imposture est crucial.
En effet, en prenant conscience de ce qui nous pousse à agir de manière inauthentique, nous pouvons nous libérer de ces comportements néfastes et nous rapprocher de notre véritable vocation.
Dans cet article, nous allons explorer en profondeur la notion d'imposture, ses origines, ses manifestations et surtout, les clés pour en sortir et embrasser pleinement notre singularité.
Avant de plonger dans les méandres de l'imposture, il est essentiel de comprendre pourquoi il est si important de s'en affranchir. Contrairement à une idée reçue, l'imposture ne se résume pas à mentir sciemment aux autres pour en tirer profit. Elle est bien plus insidieuse et peut nous piéger sans même que nous en ayons conscience.
Le premier danger de l'imposture est qu'elle nous éloigne de notre véritable vocation. Imaginez un arbre fruitier qui, au lieu de produire les fruits qui lui sont propres, essaierait de porter des fruits d'une autre espèce. Non seulement il n'y parviendrait pas, mais il gaspillerait son énergie et ses ressources à cette tâche vaine. C'est exactement ce qui se passe lorsque nous sommes dans l'imposture : nous nous efforçons d'être quelqu'un d'autre, au détriment de notre propre épanouissement.
Les conséquences sont multiples et touchent à la fois notre bien-être personnel et nos relations aux autres. En jouant un rôle qui ne nous correspond pas, nous vivons dans un état de stress permanent, tiraillés entre l'image que nous voulons renvoyer et notre véritable nature. Cette dissonance intérieure peut générer frustration, anxiété et même dépression.
Mais l'imposture n'affecte pas seulement l'imposteur. Sans en avoir conscience, nous pouvons semer la confusion et le trouble chez ceux qui nous entourent. En nous imposant dans des domaines où nous n'avons pas de réelle légitimité, nous risquons de donner des conseils erronés, de prendre des décisions inadaptées et finalement, de desservir ceux que nous prétendons aider.
Enfin, l'imposture nous enferme dans un cercle vicieux où nous confondons nos envies superficielles avec nos besoins profonds. Nous poursuivons des objectifs qui ne sont pas les nôtres, guidés par la recherche de reconnaissance ou de validation extérieure, au lieu d'écouter notre voix intérieure et de construire une vie en accord avec nos valeurs.
Pour combattre un ennemi, il faut d'abord apprendre à le connaître. Alors, qu'est-ce que l'imposture précisément ? Étymologiquement, le terme vient du latin "impostura", qui signifie "action de tromper, supercherie". Mais sa signification va bien au-delà de la simple tromperie.
L'imposture, c'est s'imposer dans une posture, un rôle, une mission pour lesquels nous ne sommes pas naturellement légitimes. C'est comme un vêtement qui ne serait pas à notre taille : nous pouvons essayer de le porter, mais il ne nous ira jamais parfaitement. L'imposteur, c'est celui qui se fond dans un moule qui n'est pas le sien, souvent par peur du rejet ou par désir de plaire.
Il existe deux formes principales d'imposture : l'imposture flagrante et l'imposture subtile. La première est facilement identifiable, car elle se manifeste de manière visible et parfois même grossière. C'est le cas par exemple de la personne qui se vante de compétences qu'elle ne possède pas ou qui cherche à tout prix à se mettre en avant.
Mais l'imposture subtile est plus sournoise, car elle peut passer inaperçue, même aux yeux de celui qui la pratique. Elle se glisse dans nos comportements quotidiens, dans notre manière d'interagir avec les autres ou de nous percevoir nous-mêmes. C'est le manager qui donne des conseils non sollicités, persuadé de toujours savoir ce qui est le mieux pour son équipe. C'est l'ami qui ne peut s'empêcher de donner son avis sur tout, même sur les sujets qu'il ne maîtrise pas. C'est aussi cette petite voix intérieure qui nous pousse à agir d'une certaine manière, non pas parce que c'est juste pour nous, mais parce que nous pensons que c'est ce que l'on attend de nous.
Et c'est là tout le paradoxe de l'imposture : bien souvent, l'imposteur est le dernier à se rendre compte qu'il est dans l'imposture. Aveuglé par l'illusion de ses propres compétences, il avance avec assurance, persuadé d'être dans son bon droit. Comme le dit si bien l'adage, "l'ignorant affirme, le savant doute" : plus nous sommes ignorants dans un domaine, plus nous avons tendance à surestimer nos capacités.
Maintenant que nous avons cerné les contours de l'imposture, il est temps de nous pencher sur ses racines. D'où vient ce besoin de s'imposer dans des rôles qui ne sont pas les nôtres ? Si chaque histoire est unique, on retrouve souvent un point commun : des blessures de l'enfance qui n'ont pas été guéries.
Imaginez un enfant qui grandit avec le sentiment de ne pas être suffisamment reconnu, aimé ou valorisé pour ce qu'il est. Pour compenser ce manque, il va développer des stratégies d'adaptation, comme chercher à tout prix l'approbation de ses parents ou de ses pairs. Il peut aussi se construire une image idéalisée de lui-même, un personnage qu'il va s'efforcer d'incarner pour masquer ses failles et ses doutes.
Ces mécanismes de défense, mis en place très tôt, vont souvent perdurer à l'âge adulte, de manière inconsciente. Ainsi, l'enfant qui a appris à faire semblant pour être aimé deviendra un adulte qui joue un rôle pour être accepté. Celui qui a dû se montrer fort pour ne pas être rejeté aura du mal à admettre ses faiblesses et ses limites.
C'est comme si l'imposture était une réponse inadaptée à un besoin fondamental non comblé : celui d'être reconnu et apprécié pour ce que nous sommes vraiment. En nous imposant dans des domaines où nous n'avons pas de réelle légitimité, nous cherchons inconsciemment à prouver notre valeur et à obtenir la validation tant désirée.
Mais les conséquences dépassent souvent le cadre individuel. En y regardant de plus près, on s'aperçoit que l'imposture est un véritable fléau sociétal, un fil rouge que l'on retrouve dans de nombreux dysfonctionnements. Du politique qui fait des promesses qu'il ne peut pas tenir au dirigeant d'entreprise qui prend des décisions sans en mesurer les impacts, en passant par le parent qui impose ses propres rêves à ses enfants, l'imposture gangrène insidieusement nos relations et notre vivre-ensemble.
Comment savoir si nous sommes nous-mêmes dans l'imposture ? Il existe des signes révélateurs qui ne trompent pas, pour peu que nous prenions le temps de nous observer avec honnêteté.
Un premier indice est cette tendance à donner des conseils non sollicités, comme si nous savions toujours ce qui est le mieux pour les autres. Que ce soit en famille, au travail ou entre amis, l'imposteur ne peut s'empêcher d'intervenir, même quand on ne lui a rien demandé. C'est une manière subtile d'imposer sa vision du monde et de se placer en position de supériorité.
Dans la même veine, l'imposteur a souvent du mal à écouter vraiment. Quand son interlocuteur parle, il est déjà en train de penser à ce qu'il va répondre, à chercher comment briller ou avoir le dernier mot. Il ne cherche pas à comprendre l'autre, mais à se mettre en avant. La communication est à sens unique, au service de son ego.
L'imposture se niche aussi dans notre rapport aux objectifs et aux rêves. Plutôt que de prendre le temps d'explorer ce qui nous fait vraiment vibrer, nous nous fixons des buts qui ne sont pas les nôtres, guidés par des critères externes comme le statut social, le salaire ou la reconnaissance. Nous confondons le faire et l'être, persuadés que notre valeur dépend de nos réalisations.
Autre signe qui ne trompe pas : la conviction d'être plus intelligent ou plus compétent que la moyenne. L'imposteur a tendance à se surestimer et à avoir un avis sur tout, même sur les sujets qu'il ne maîtrise pas. Il se croit invincible et infaillible, incapable de reconnaître ses zones d'incompétence.
Paradoxalement, l'imposteur peut aussi se complaire dans une position basse, en infantilisant son entourage. C'est une manière détournée de se rendre indispensable, en faisant croire aux autres qu'ils ne peuvent pas se passer de ses conseils ou de son aide. Une façon comme une autre de garder le contrôle et d'asseoir son pouvoir.
Enfin, l'imposteur a tendance à se surcharger de responsabilités, comme s'il devait en permanence prouver sa valeur par l'action. Il ne sait pas déléguer et a du mal à faire confiance, persuadé que lui seul peut faire les choses bien. C'est le syndrome du héros, qui se sacrifie pour les autres mais finit par s'épuiser et se vider de sa substance.
Et si l'imposture n'était finalement que le reflet inversé de notre véritable vocation ? En observant de près ces deux notions, on s'aperçoit qu'elles correspondent à des modes de fonctionnement radicalement différents.
Prenons d'abord l'état d'esprit. L'imposteur est sans cesse dans la comparaison, obsédé par l'image qu'il renvoie et la place qu'il occupe par rapport aux autres. Il se sent supérieur ou inférieur, mais rarement égal. À l'inverse, celui qui est dans sa vocation n'éprouve pas le besoin de se comparer. Il sait que chacun a un rôle unique à jouer et que la valeur d'une personne ne se mesure pas à ses accomplissements.
Cette différence se retrouve aussi dans la posture : l'imposteur se place souvent en position haute, donnant des leçons et cherchant à tout prix à avoir raison. Il a du mal à reconnaître ses torts et ses limites. Celui qui est aligné avec sa vocation, au contraire, fait preuve d'humilité et de curiosité. Il est dans l'écoute et l'apprentissage permanent, conscient qu'il a toujours à apprendre des autres.
Sur le plan émotionnel, l'imposteur est souvent sur des montagnes russes. Il oscille entre le stress de ne pas être à la hauteur et l'euphorie passagère d'avoir atteint un objectif. Mais cette joie superficielle ne dure jamais, car elle est conditionnée à des événements extérieurs. À l'opposé, celui qui vit sa vocation rayonne d'une joie profonde et durable, qui vient du sentiment de faire ce pour quoi il est fait. Il n'a pas besoin de la reconnaissance des autres pour se sentir bien, car il est en accord avec lui-même.
Enfin, l'imposture et la vocation impliquent des comportements aux antipodes. L'imposteur est dans le paraître et la séduction. Il utilise souvent de belles paroles pour convaincre, mais ses actes ne suivent pas toujours. Il peut être celui qui dit sans faire. À l'inverse, celui qui est dans sa vocation est un homme (ou une femme) de parole. Il agit en cohérence avec ses valeurs, sans chercher à impressionner. Son intégrité et son engagement parlent pour lui.
Sortir de l'imposture n'est pas un chemin facile, car cela implique de renoncer à l'image que nous avons construite de nous-mêmes, parfois depuis l'enfance. C'est un véritable travail de lâcher-prise et d'acceptation de qui nous sommes vraiment, avec nos forces et nos faiblesses.
La première étape est de prendre conscience que l'imposture est un mécanisme souvent inconscient, qui nous fait agir malgré nous. Nous ne sommes pas responsables des blessures qui ont créé ce besoin de nous imposer, mais nous avons le pouvoir de choisir de ne plus laisser ces blessures dicter notre conduite.
Pour cela, il est essentiel de cultiver une pratique régulière de l'introspection et de se poser les bonnes questions. Avant d'agir, demandons-nous : est-ce que je fais cela par peur du rejet, pour obtenir l'approbation des autres, ou parce que c'est vraiment juste pour moi ? Est-ce que j'agis par ego ou par alignement avec mes valeurs profondes ? C'est en développant cette lucidité sur nos motivations réelles que nous pourrons peu à peu nous défaire de nos automatismes.
Un autre ingrédient clé est l'humilité. Acceptons de ne pas tout savoir, de ne pas être parfaits, de demander de l'aide quand nous en avons besoin. Soyons à l'écoute de nos émotions et de nos besoins profonds, sans chercher à les masquer ou à les nier. C'est en accueillant notre vulnérabilité que nous pourrons développer notre puissance intérieure.
Enfin, sortir de l'imposture c'est aussi apprendre à faire confiance à la vie et à notre propre processus de développement. Plutôt que de nous fixer des objectifs arbitraires, laissons-nous guider par ce qui nous fait vraiment vibrer, par ce qui donne du sens à notre existence. Acceptons que notre vocation se révèle à nous pas à pas, au fil des rencontres et des expériences.
En explorant les méandres de l'imposture, nous avons vu à quel point elle pouvait nous éloigner de notre véritable chemin de vie. Mais si l'imposture est une impasse, elle est aussi un formidable tremplin vers la connaissance de soi et l'accomplissement personnel.
En prenant conscience de nos mécanismes d'imposteur, nous nous donnons la possibilité de les transcender et de nous rapprocher chaque jour un peu plus de notre vocation profonde. C'est un chemin exigeant, qui demande du courage, de l'honnêteté et de la persévérance. Mais c'est aussi un chemin infiniment gratifiant, qui nous permet de nous réaliser pleinement et de contribuer au monde de manière authentique.